ce qui m’intéresse avant tout est de donner à voir le minimum : cette espèce de point seuil où tout peut basculer. une sorte de dernière chance avant d’arriver au vide, à zéro, c’est-à-dire la mort. l’enjeu est donc de donner un plein à vider, un processus de simplification en train de se faire. je veux montrer la beauté du presque rien. la simplicité comme esthétique. là où tout est imaginable, possible, tangible. prendre l’irréductible comme source d’infinies potentialités.
le blanc est un mélange optimal de rouge vert bleu. les trois composantes aux 16 777 216 de possibilités de couleurs, plus que notre œil ne peut en distinguer. malgré toutes ces combinaisons, une seule donne le noir, une seule donne le blanc. le noir correspond au vide complet des trois composantes rvb, le blanc est la combinaison de ces trois valeurs au maximum. en somme le noir est bien une absence de couleur et le blanc la somme des trois primaires pures.
d’un point de vue informatique, ce qui est intéressant est la possibilité de quantifier le zéro et la saturation. ainsi, l’espace résultant est une série de valeurs entre 0 et 255 ou entre -16 777 217 et -1 si on prend les valeurs de toutes les couleurs existantes dans la palette rvb. ce qui m’importe dans cet intervalle, c’est que l’on peut « réellement » traverser ces valeurs. entre le vide et le plein, l’espace est fini.
par ce passage entre les deux extrêmes, vides ou pleines, c’est selon, je veux signifier les possibles, mais qu’une fois au bout, rien ne pourra plus se passer. il s’agit là, de proposer un regard sur l’image et le monde contemporain : une avancée avec confiance vers ce blanc symbolique de l’image qui la mènera à une saturation préméditée. donner à voir un pixel, c’est donner à voir une sorte d’absolu, sans inquiéter l’image et son sort.
la lumière naturelle n’est pas une image, elle en est révélatrice. celle d’un écran est à la fois la source et le support de l’image numérique. c’est pourquoi je me penche sur le pixel, sa luminance, l’accord rvb de sa teinte. l’image numérique est à voir, mais se reflète sur le regardeur. en quelque sorte nous sommes éclairés par l’image, elle crée finalement un espace dans lequel nous sommes inclus.