C’est dans des conditions un peu particulières que j’écris ce nouveau rapport, depuis un hôtel à New York. Je me rappelle de la première semaine passée à Chicago est savoure d’autant plus celle-ci, dans la Grosse Pomme. Faute de pouvoir envoyer le rapport à temps, j’envoie les deux rapports en même temps.
Dernièrement, j’ai un peu lâché l’ordinateur au profit de différents carnets. J’y dessine et écris mes programmes. C’est suite à une discussion avec Jon Cates que je me suis rendu compte de l’intérêt d’une telle pause. J’écris mes idées, mes programmes, et des croquis de projets en devenir. Le retour du bon vieux carnet de notes en somme.
Le rendez-vous de cette semaine avec Jon était très intéressant. Je lui ai fait part de mes idées mais aussi de mes questionnements sur ce que je fais ici. En effet, après le « flou » de la semaine passée, je me retrouve avec des idées que je n’arrive pas à intégrer aux cours, ou des projets que je n’arrive pas à délimiter. C’est donc sur papier que j’avance mieux pour le moment.
Le cours de Nic Collins s’est fait avec Chris De Laurenti, qui nous a littéralement plonger dans des voyages soniques et des paysages sonores. Nous sommes d’abord immergés dans son propre travail : un parcours lors de manifestations à New York : les cris des gens dans la rue ça et là, les mains qui tapent, la panique, la foule en mouvement. Une impression de masse sonore en direct incontrôlable pourtant scénarisée. On oscille entre la pièce sonore et le documentaire, ou les deux…
Puis il nous plonge dans un voyage imaginaire au cœur d’une sorte de ville d’absents et de vide avec Michael Rosenberg. De nos écoutes, c’est sûrement ce paysage sonore qui me fascine le plus. Un parcours dans une ville pleine de sons à la fois fictionnels et flous, parsemés de réalité exagérée. D’abord une déambulation, puis une boucle de plus en plus abstraite dans un drôle de métro. Fin du voyage, on rouvre les yeux.
Le pouvoir du son : voyager dans les yeux, ressentir l’espace. Imaginer.
Je retombe dans les discussions avec Jon Cates et repense à cette anecdote qu’il m’a racontée sur un concert d’Autechre où le son était devenu si puissant que les gens en ressentaient des malaises réels. L’aspect physique du son.
Je continue mon travail sur les fréquences et m’aventure d’avantage avec les effets sonores et la physicalité.
Je retouche peu à peu mon ordinateur. Pour le cours de Web Art, je recommence à programmer : au lieu de fabriquer, je modifie : Google, Yahoo, Apple, MSN, CNN ne deviennent que des pages blanchies, de manière à ne plus rien distinguer. Je crois que je me raccroche toujours à cette volonté de jouer. Ici, l’internaute est presque devant une devinette, mais aussi devant une réelle page avec tout son contenu, mais tout blanc…
Puis un ami de Salon-de-Provence me rend visite pour quelques jours. Le Lac, MCA, AIC revisités, toujours avec un nouveau regard. L’exposition sur Matta-Clark, notamment la vidéo de Conical Intersect me captive.
Puis Edward Hopper : de la peinture en voie de disparition. Je retiens tout particulièrement la dernière toile de l’exposition. La composition y est réduite au strict minimum : le décor disparaît, tout comme les gens. Ne reste plus que la lumière, contre un mur, seule. Je me sens comme invité à me focaliser sur cette même voie : de la lumière, du blanc, presque rien en somme.
Puis l’on continue la visite, au cœur des choses de Chicago : des pintes de bières Goose Island à Damen (l’ambiance me rappelle curieusement les sorties dans les pubs de Liverpool), et un match des Bulls contre les Grizzlis de Memphis. L’ambiance est aussi digitale qu’impressionnante : entre les Cheerleaders, les vendeurs ambulants qui crient « IIIIIICCCCCEECCCCRRRREEEEAAAAMMMM » toute la soirée durant, les feux d’artifices, la mascotte Benny the Bull, le son, les fusils à cadeaux, je me perds à tout observer, écouter. C’est seulement avec ma Bud que je me concentre. Nous avons gagné ! (Let’s Go Bulls !).
Après Chicago du Hancock Building il y a quelques semaines, on découvre la ville du haut de la Sears Tower. Même si la vue est moins surprenante une fois initié, les couleurs sont totalement différentes. D’ici, Chicago est orange. Chicago aux couleurs de la Provence ?
Je rencontre des gens de partout : des Barcelonais en vadrouille, avec qui l’on parle des Ramblas et du Parc Guel, un Américano-Grec qui m’invite boire une bière pour pratiquer son français. Tout va à fond mais je n’ai pas vraiment envie de ralentir.
C’est après un cheesecake sour le Hancock Building que nous finissons cette semaine : au planétarium Alder, sous une voûte céleste artificielle. Nous y regardons des images dignes de The Foutain d’Aronovsky, en mieux…