L’objet livre face au numérique vient soulever des problématiques propres à la rencontre de deux médias. Les productions d’artistes abordant ces questions s’inscrivent dans un champ de tensions se développant entre livre papier, livre-objet plastique et livre numérique. Le livre papier édité s’inscrit dans une économie (d’offre et de demande, de reproductibilité) – dont le livre d’artiste (pièce unique, fanzine ou multiple) s’émancipe. Sa lecture s’accompagne d’une certaine transparence de l’énonciation éditoriale, de l’oubli du support matériel au profit d’une recherche d’“immersion” (en particulier dans les textes de fiction), jusqu’aux jeux plastiques les plus divers.
Cette dernière démarche interroge la forme du livre-objet. Celui-ci déborde de la définition traditionnelle du “livre”, jusqu’à, parfois, la mettre à mal. Des expérimentations d’artistes sur les formes plastiques, le volume et le support attribués à ce livre-objet mettent au défi les pratiques de lecture. Nous distinguerons le livre numérique du livre homothétique de format pdf ou de certains ePub, dont la forme se contente d’imiter le livre papier. Il ne s’agit pas non plus d’un site Web au sens classique du terme : un support au contenu extensible et dont la forme ouverte (Eco) est difficilement circonscriptible par le lecteur. Ce qui fait livre dans le numérique est une forme autoportée, circonscrite, quoique dynamique et parfois non linéaire, et dont l’essence n’est pas nécessairement littéraire ni textuelle. L’éventuel paradoxe du “livre” numérique se résout dans une adéquation totale entre les particularités du support au service d’un contenu pensé nativement pour celui-ci. Ce workshop est destiné à expérimenter comment (et quand) un contenant dédié à un ou des supports numériques fait livre. Les enjeux plastiques des formes observables à l’écran seront abordés ici “au pixel près”.
Il se déroulera en deux phases :
• Une première journée sera consacrée à l’étude d’un corpus de référence (Benjamin Shaykin, éditions Subjectile, revue bleuOrange, éditions Volumiques, Poreuse de Juliette Mézenc, La valeur de son de Armandine Chalse, Fréquence de Célia Houdart, Conduit d’Aération du collectif Hyperfictions, L’homme volcan édité par Actialuna, Bohmishe Dorfer de Alexandra Saemmer, 42 de Emeline Brulé…) puis à la présentation des outils mis à disposition.
• Les journées suivantes seront consacrées à des recherches plastiques relevant de la remédiatisation : de l’œuvre papier à l’œuvre numérique ou, inversement, de l’œuvre numérique à sa retranscription papier. Les réalisations produites pendant le workshop sont susceptibles d’être exposées en novembre 2014 parallèlement au colloque international Text/ure, l’objet livre du papier au numérique (sous réserve) et, pour les pièces numériques, au sein du numéro de l’automne 2014 de la revue bleuOrange.
Intervenants :
Lucile Haute – EnsadLab Alexandra Saemmer – Université Paris 8
Emeline Brulé – designer, EnsadLab
Tomek Jarolim – plasticien, designer d’interaction
Nombre de places : 8 à 10 Ce workshop est ouvert en priorité aux étudiants-chercheurs EnsadLab, aux étudiants des différents secteurs de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, aux étudiants du Master Pratiques textuelles numériques de l’Université Paris 8.
Inscription obligatoire par e-mail : workshoptexture[at]ensad.fr
Formes :
Remédiatisation de l’œuvre papier à l’œuvre numérique Epub3 et web-application (kirby, twine, html5, multi-support, lecteur web – avec Emeline)
Application iPad (openframeworks + Xcode / apple ebooks autor / adobe creative publishing mobile / j.query – avec Tomek)
Remédiatisation de l’œuvre numérique à sa retranscription papier (avec Lucile)
Déroulé :
J1 9h30 : accueil
10-13h : présentation du corpus de référence (A.Saemmer)
14-16h : présentation des outils numériques proposés (E. Brulé + T. Jarolim)
16-18h : pistes de réalisation, maquettes, formation des groupes
18h : identification des besoins complémentaires
J2-5 9h30-19h :
expérimentations, réalisations documentation in progress (site dédié) (L. Haute)
J5 documentation état final :
vidéo et photos de tout ce qui a été produit (L. Haute) archivage des documents (site dédié)
Organisé par Lucile Haute, Alexandra Saemmer et Emeline Brulé Dans le cadre du projet de recherche-création Text/ures, l’objet livre du papier au numérique, porté par Gwen Le Cor et Anne Chassagnol, soutenu par le Labex Arts-H2H.